Petite coccinelle contre gros éléphant

Et je n’ai rien contre les éléphants hein ! Vraiment rien. Ce sont, d’après toutes les études des animaux intelligents, vivants en société organisée, toussa…

Mais parfois les éléphants, en tout cas ceux dont je veux vous parler aujourd’hui, font usage de leur position de force. Un peu comme dans nos cours de récré où le « grand caïd de CM2 » va parfois aller chicaner les petits de CP. Sauf que dans notre cas, ce ne sont ni les poings, ni les gros mots qui sont utilisés. C’est bien plus subtil. Notre gros éléphant se sert de la loi pour faire fuir notre petite coccinelle.

Mais, quel est le problème me direz-vous, si l’éléphant est dans son droit ? Après tout, grand ou petit, chacun a le droit d’être protégé par la loi. Pas si simple, quand la coccinelle nous parait aussi dans son bon droit…

Pour mieux comprendre, je laisse la parole à notre cybercollègue Charivari, dont la prose est toujours aussi fraiche et percutante :

J’ai une bonne copine-collègue internaute qui tient son blog, comme moi, pour partager des ressources pour les profs des écoles. Elle enseigne en cycle II. Son blog n’est pas encore bien gros (il a un an, et une cinquantaine de visiteurs par jour en moyenne sur l’année écoulée).

Il se trouve que son nom de famille, c’est Figaro. Elle s’appelle donc Madame Figaro. Pour de vrai. Ses supérieurs, les élèves, les parents, l’appellent Madame Figaro. Et son blog, c’est « La Classe de Madame Figaro ». Jusque là, tout le monde suit.

Seulement voilà, le groupe de Presse du Figaro a écrit à Mme Figaro : cela ne leur plait pas qu’il y ait un blog qui utilise le nom de leur revue féminine. Alors ils lui demandent de changer de nom de pseudo et de blog : « L’usage non autorisé et répété de MADAME FIGARO constitue une atteinte aux droits de propriété intellectuelle », qu’ils ont dit.

En gros, elle n’a plus le droit de dire comment elle s’appelle.

Son blog commence tout juste à avoir un petit peu de notoriété. Ce sont des heures des heures de boulot pour se faire connaitre, et il faut qu’elle le ferme et qu’elle reparte à zéro.

Ma copine s’est quand même étonnée : la loi protège l’utilisation du « nom patronymique ». Oui, même si moi, Charivari, je dépose la marque de lessive « Jean Dupont », je ne pourrai pas aller interdire à tous les Jean Dupont de France d’aller dire leur nom sur internet. Sans blague.

Elle s’est aussi défendue : elle ne fait aucune utilisation commerciale de ce nom. Et puis le design ou la couleur de son blog n’ont vraiment rien à voir avec l’identité visuelle du groupe de Presse. Sans compter que le titre du blog « La classe de… » signe bien le blog pédagogique… Mais rien n’y a fait : elle vient de recevoir la lettre recommandée d’un avocat du groupe de Presse. […]  ma copine-prof va céder, et je la comprends. Forcément. Ce n’est pas avec notre salaire de prof qu’on va s’opposer à un énorme machin de Presse comme le Figaro, hein.

[…]

Et un petit poème pour conclure :

Un éléphant nommé Le Figaro découvrit il y a quelques temps
Qu’une petite coccinelle respirait le même air que lui.
Bien qu’une coccinelle et un éléphant soient en tous points différents,
Le Figaro ne pouvait tolérer l’existence d’autrui

Ah pardon! s’exclame la coccinelle, mais j’existe!
Pourquoi n’aurais-je pas le droit d’user de mon nom patronymique?
Je m’appelle Madame Figaro, en quoi est-ce là un hic?
Mais face à un éléphant, se battre relève du sacrifice.

La classe de Madame Figaro, blog généreux de partage
De ressources pour les enseignants de passage
Ferme ses portes aujourd’hui
La coccinelle s’envole vers d’autres aventures

L’éléphant peut être fier de lui
Son air est à nouveau pur.

Merci à Mysticlloly pour le dessin, à Charivari pour le message, à Charlotte pour le poème, et bon courage à la petite coccinelle.

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